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• 1176 recreü; de l'a. fr. (soi) recroire « se décourager, s'avouer vaincu » 1080; bas lat. se recredere « se remettre à la merci », de credere1 ♦ Littér. Fatigué, jusqu'à l'épuisement. ⇒ épuisé, éreinté, fourbu, harassé , 1. las, rompu, vanné. Bête recrue. « elle n'en pouvait plus, à bout de course, recrue de fatigue » (F. Mauriac).2 ♦ Vx ou littér. RECRU DE... : débordant, atteint par l'excès de... « Le monde est recru de souffrance » (Duhamel).⊗ HOM. Recrû, recrue.Synonymes :- épuisé- exténué- fourburecru, ueadj. Litt. épuisé, harassé. être recru de fatigue.⇒RECRU, -UE, adj.LittéraireA. — Vieilli. Épuisé, à bout de forces. Synon. fourbu, harassé, rendu, rompu, vanné. Par pitié, ne racontez plus ces gastronomies anciennes à de pauvres diables affamés et recrus comme des chiens de chasse (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 61). Il était trop recru pour trouver, dans sa poitrine, l'haleine d'un hurlement (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 215).B. — Recru de1. Recru de fatigue. Épuisé, harassé de fatigue. Il arrivait affamé, recru de fatigue, mangeait comme un ogre et se couchait à neuf heures (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 71).2. Brisé, submergé par l'excès de. Recru de douleur. Et il continuait à faire l'espiègle, recru de sommeil, cramponné à son rôle (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 456). Vieil homme, recru d'épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel, mais jamais las de guetter dans l'ombre la lueur de l'espérance! (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 290).Prononc. et Orth.:[
]. Homon. recrû et recrue, subst. Ac. 1694: -u, -üe; dep. 1718: -u, -ue. Étymol. et Hist. a) Ca 1100 recrëut « qui se rend, qui s'avoue vaincu » (Roland, éd. J. Bédier, 2088); b) 1176 recrëu « épuisé de fatigue (en parlant d'une personne) » (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 6085); ca 1185 recrëu « fatigué (en parlant d'un cheval) » (ALEX. DE PARIS, Alexandre, I, 2566 in Elliott Monographs n ° 37, p. 58); 1624 [éd.] reccreu « épuisé de fatigue (en parlant d'une personne) » (ALEX. HARDY, Procris, p. 317). Part. passé de l'anc. verbe (soi) recroire « cesser, se décourager, se lasser; renoncer (surtout au combat), s'avouer vaincu » (ca 1100, Roland, 3892, 3908), d'où « se fatiguer à l'excès (surtout en parlant d'un cheval) » (XIIIe s. [date du ms.], Des deux chevaux ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 1, p. 159), lequel est issu du b. lat. recredere « [se] rendre à merci », att. au IXe s. ds des doc. carol., lui-même dér. de credere (croire). Fréq. abs. littér.:44.
recru, ue [ʀ(ə)kʀy] adj.ÉTYM. XVIe; recreü, v. 1175; recreüz « qui s'avoue vaincu », 1080; dér. de l'anc. v. se recroire « se rendre », du bas lat. se recredere « se remettre à la merci », comp. de credere « croire ».❖1 Littér. Rendu, épuisé (par la fatigue). ⇒ Épuisé, éreinté, fatigué, fourbu, harassé, 1. las, moulu, rompu, vanné (cf. À bout de forces). || Bête recrue (→ Endormir, cit. 18). — (Fin XVIIe). || Recru de fatigue (cit. 10; → Course, cit. 19).2 Vx ou littér. || Recru de… : débordant, atteint par l'excès de. || « Recru d'amour » (Ronsard, Amours de Cassandre, XLIII). || « Le monde est recru de souffrance » (Duhamel, Biographie de mes fantômes, p. 76).1 (Staline) champion rusé et implacable d'une Russie recrue de souffrance et de tyrannie, mais brûlant d'ambition nationale.Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. III, p. 60.2 Il se tut, recru de l'énorme effort qu'il venait de faire.A. de Chateaubriant, la Réponse du Seigneur, p. 205.3 Recrue de mouvement et de cris, la foule allait s'asseoir par grappes sous les futailles des brasseurs.G. Duhamel, le Temps de la recherche, VII.4 Portes, mains, visages, esprits, cœurs ouverts. Heureux le voyageur recru, devant qui s'ouvre la porte. Mais plus heureux encore celui qui l'ouvre, qui dit : « Entrez. »Claude Roy, Nous, p. 192.❖HOM. Recrû, recrue.
Encyclopédie Universelle. 2012.